Eko and Vinda Folio

Pays aux influences multiples, aux confins de l’Europe et de l’Asie, la Géorgie dresse quelques hauts sommets caucasiens, dessine quelques stations balnéaires en bordure de la mer noire. On a bu son vin sémillant, gouté ses raviolis. On connait sa longue tradition de chants polyphoniques, un peu moins sa vie nocturne, un peu moins l’importance grandissante des musiques actuelles. Il faudra visiter Fabrika (lieu multiculturel qui abrite notamment Vodkast Records, seul disquaire indépendant du pays), connaitre aussi la fraicheur du Tbilisi Open Air Festival (Franz Ferdinand, Mogwai, Unkle sont trois de leurs têtes d’affiche cette année).

La jeunesse danse et la jeunesse compose. Eko & Vinda Folio* en sont deux des plus dignes représentants.

Erekle Deisadze (chant) et Temo Ezugbaia aka Vinda Folio (guitare, chant) se rencontrent en 2012 alors qu’ils étaient étudiants. Le duo tbilissien s’engage dans un mouvement protestataire considérant la musique comme un vecteur d’émancipation sociale. « L’activisme est comme une culture alternative en Géorgie » confiaient-ils au média Soul Kitchen début 2017 à l’occasion d’un premier 45 tours paru chez Talitres.

En s’éloignant quelque peu de chansons à caractère uniquement politique, « Therapy », premier album de la formation (sortie le 20 septembre 2019), délivre un romantisme enchanteur, une alcôve où chacun ira piocher ses rêves. Les deux musiciens définissent ici les contours d’un univers poétique et singulier aux textes énigmatiques (ils le sont d’autant plus pour nous).

Et ce chant est un voyage en soi. La voix grave (quasi sépulcrale parfois) de Erekle Deisadze est relayée sur certains titres par celle de Vinda Folio. Cette langue, aux intonations parfois aussi rondes que son alphabet, s’insinue en nous lentement et durablement. Cette musique, qui oscille avec élégance entre cold-wave, dream-pop et rythmes dansants (une danse sombre et froide, mais tellement addictive), emprunte ses influences à la culture post-punk anglo-saxonne tout en s’inscrivant dans le quotidien des musiciens.

*ce projet parvient jusqu’à nos oreilles par l’entremise de Vladislav Parshin, leader du groupe Motorama, qui poste sur les réseaux sociaux une vidéo des musiciens.